Les collections archéologiques du Musée-Château d’Annecy présentent l’histoire des Alpes françaises depuis l’Homme de Néandertal jusqu’au Moyen Âge. Elles sont complétées par des artefacts* provenant des quatre coins de l’Europe, du pourtour méditerranéen et d’Égypte.
Le logis Perrière, situé au fond de la cour, est dédié à l’archéologie et à l’environnement des lacs. Après une rencontre avec les poissons endémiques et les pêcheurs, le visiteur est invité à faire un saut dans le temps à l’époque des palafittes, les premiers villages installés au bord des lacs alpins.
Les palafittes (de l’italien palo, « pieux » et figgere, « ficher ») furent officiellement découverts en 1854 en Suisse suite à une forte baisse hivernale des eaux du lac de Zurich. Des pieux en bois et d’innombrables objets, notamment en céramique, en pierre et en métal, permirent d’identifier la présence de villages préhistoriques qu’on ne tarda pas à reconnaître dans les autres lacs alpins. En août 1856, les premiers palafittes français furent identifiés dans le lac d’Annecy, à Duingt et à Sevrier.
Ces villages du Néolithique et de l’âge du Bronze ont été occupés entre 5 000 et 800 ans avant notre ère. Grâce à l’absence d’oxygène et à leur ensevelissement dans les sédiments lacustres*, des éléments organiques y furent préservés ; des restes de bois, de plantes, de textiles et de nourriture dressent ainsi un portrait détaillé de la vie quotidienne des premiers agriculteurs européens. Leur découverte a révolutionné les connaissances sur la Préhistoire européenne et continue d’apporter de nouvelles données scientifiques.
Le 27 juin 2011, 111 sites palafittiques préhistoriques ont été inscrits sur la Liste du patrimoine mondial par l’UNESCO. Localisés en Allemagne, en Autriche, en France, en Italie, en Slovénie et en Suisse, ils forment désormais un bien sériel* transnational du patrimoine mondial, représentatif de plus d’un millier d’habitats préhistoriques en milieu humide. Sa sauvegarde est garantie par un groupe de coordination internationale (ICG) dont la gestion est partagée entre les six pays participants.
Vers le site de l'UNESCO "Sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes"
Les collections du Musée-Château présentent les découvertes faites dans le lac d’Annecy, en particulier celles du Roselet (Duingt) et du Crêt de Châtillon (Sevrier), occupés il y a 3 000 ans et aujourd’hui immergés. Le four de Sevrier, sorti des eaux en 1974 et consciencieusement restauré, est l’exemplaire le plus complet connu à ce jour en Europe. Les échanges faits anciennement avec les autres musées d’archéologie permettent de présenter des vestiges provenant également d’autres lacs, principalement les lacs du Bourget, du Léman et de l’ouest de la Suisse.
Outre les palafittes, le Musée-Château conserve des vestiges archéologiques liés à la présence humaine en Haute-Savoie depuis le Paléolithique moyen (-300 000 à -40 000) comme ceux de la grotte du Baré à Onnion. Une grande partie des collections provient des découvertes réalisées lors de la création du quartier des Fins à Annecy, à la fin du 19e et au début du 20e siècle, à l’emplacement de l’antique Boutae*. Ce vicus* situé sur la route reliant Genève (Genava) à Faverges (Casuaria) et Aix-les-Bains (Aquae) comporte l’ensemble des équipements classiques d’une ville romaine : forum, basilique, temples, thermes, théâtre… Il prend place dans un environnement campagnard densément peuplé dont les vestiges sont conservés dans les réserves du Musée-Château. Du milieu du 1er siècle au 2e siècle, la monumentalisation de l’architecture à Boutae atteste une période de prospérité avant son déclin progressif aux 3e et 4e siècles.
Au haut Moyen Âge (du 5e au 10e siècle), les traces archéologiques laissées par l’habitat sont plus ténues. En effet, le retour à des modes de construction plus légers, en particulier de l’architecture sur poteaux en bois, laisse des traces moins durables dans le sol. À Annecy, la superposition de ces vestiges fugaces à ceux des constructions monumentales de Boutae rend leur identification encore plus délicate dans le mille-feuilles des couches archéologiques.
Du 5e au 7e siècle, d’anciens quartiers de la ville romaine sont transformés en cimetières accueillant plusieurs centaines d’individus, certains arrivés lors des grandes migrations des peuples germaniques. Les collections du Musée-Château accueillent les objets de ces tombes découvertes régulièrement depuis le 19e siècle dans l’ensemble de la Haute-Savoie. Les vestiges ayant intégré les collections sont, en règle générale, les plus spectaculaires : siège pliant, scramasaxe*, plaques-boucles, crânes allongés par déformation volontaire…
Les collections sont complétées d’artefacts divers découverts en France, Égypte, Italie et Grèce, obtenus grâce à des échanges et des dons anciens. Plusieurs sites archéologiques de référence sont représentés, allant des ateliers de sigillée* de Gaule centrale à la ville égyptienne antique de Crocodilopolis en passant par les gisements paléolithiques de Dordogne. La nature éclectique des collections découle de la volonté pédagogique du premier conservateur du musée, Louis Revon (1833-1884), qui souhaitait faire du musée une « Leçon de choses » et rendre la connaissance accessible à tout visiteur.