Longtemps seul musée en Haute-Savoie, c'est tout naturellement que les découvertes faites dans le département sont venues enrichir cette
collection publique.
Constituée peu après la création du musée en 1842, la collection témoigne du contexte socio-politique de chacune des époques durant lesquelles elle s'est constituée : objets exotiques, généreusement offerts par des anneciens expatriés, témoins du grand mouvement de l’aventure coloniale ; objets industriels entrés au moment du triomphe de la mécanisation ; objets de civilisation témoins de la vie quotidienne dans les Alpes du Nord...
1 - Historique de la collection d'ethnographie
Avant même le rattachement de la Savoie à la France et l'ouverture des registres d'inventaire, des collections, que l'on ne qualifiait pas encore d'ethnographiques, avaient enrichi le musée. En effet, dès 1857, le conservateur Joseph Ducret fait entrer des objets industriels marquant ainsi le passage de la société traditionnelle à la société industrielle.
En 1860, Louis Revon est nommé conservateur. Sous sa direction, les collections s'accroissent grâce aux dons et échanges et témoignent de leur enracinement régional dans un monde rural qu'on pense voué à disparaître.
Nommé en 1891, Marc Le Roux dénonce un musée "cabinet de curiosité". Il écrit aussi à propos des collectes ethnographiques : "les collections régionales sont utiles aux savants pour leurs recherches et donne au visiteur la notion des ressources du pays".
Au cours des années 1920, l'ethnologie sort de son enracinement naturaliste et s'ancre du coté de la culture. Marcel Mauss développe l'idée du fait social total qui affirme qu'une société se donne à voir autant dans ses institutions que dans "les objets qu'elle façonne et utilise".
Durant les années 1930, la folklorisation du monde rural témoigne de la nostalgie qui préside à l'évocation du monde paysan dont on pense la disparition inéluctable.
Le 23 juillet 1941, la Ville d'Annecy signe un bail avec la Société des Amis du Vieil Annecy afin d'installer au Palais de l'Ile un Musée savoyard présentant différentes reconstitutions : intérieur savoyard, atelier de potier, etc. Le musée savoyard fermera ses portes en 1952.
La même année, Jean-Pierre Laurent prend la direction du musée et lance une ambitieuse politique d'acquisition afin de renouveler les collections et principalement celles d'ethnographie.
En 1972, Jean-Pierre Couren, nouvellement nommé, définit alors comment le musée doit faire connaître l'originalité de la région en "montrant peu de choses dans une cohérence chronologique et esthétique facile et agréable à suivre".
Pour concrétiser cette idée, il projette d'installer un musée d'histoire rurale d'Annecy et de l'avant-pays savoyard, au manoir de Novel. Mais la crise d'identité des musées d'Arts et Traditions Populaires dans les années 80 rendra ce programme caduc.
A la fin des années 1990, des enquêtes, diligentées auprès de différentes populations et quartiers d'Annecy, permettent d'avoir une image réelle de la cité à un moment donné et de connaître ses particularismes.
2 - Composition de la collection d'ethnographie
La majeure partie des pièces n'est pas exposée sauf pour le mobilier et un certain nombre d'objets domestiques, présentés de façon permanente au premier étage du Logis Nemours au château d'Annecy. Les collections de matériel agricole sont conservées quant à elles au manoir de Novel.
La collection comprend des séries importantes témoignant de l'artisanat et de l'industrie ancienne ainsi que de la vie quotidienne dans les campagnes et les villes de Savoie. Il faut noter la présence de séries très intéressantes provenant du bassin Annecy : châles et plaques d'indiennes témoignent de ce travail manufacturier ; mesures à grains, poids dechangeurs, mètres et "pieds de Savoie" attestent de touteune vie économique aujourd'hui disparue.
Une série de poteries vernissées représentatives de l'évolution des productions locales voisine avec la production de potiers savoyards du début du XXème siècle, fortement marquée par le style Art Déco : Béchard, Jacquet, Nilla-Vertas par exemple.
Le musée conserve aussi des faïences savoyardes provenant de toute la Haute-Savoie : Ste-Catherine, Sciez, St-Ours, La Forest...