A l'origine de l'extraordinaire événement théâtral qui a eu pour siège Annecy durant trois années (1954-1955-1956), il y a eu conjugaison de l'action de deux institutions :
1) le Stage National d'Art Dramatique. Cette organisation a pour but d'encourager le développement du théâtre amateur en France. Son personnel est composé de cinq ou six instructeurs nationaux d'art dramatique, et qui ont pour fonction :
- de visiter et d'assister de leurs conseils, dans une région de la France, les troupes de comédiens amateurs ;
- d'animer des stages d'art dramatique régionaux, dits « du premier degré », à l'occasion desquels les comédiens amateurs montent un spectacle et reçoivent un enseignement ;
- de sélectionner des amateurs pour un stage « du 2eme degré » qui à l'échelon national, se réunit pendant six semaines pour monter un spectacle « exemplaire ».
2) Le groupe annécien de « Peuple et Culture » qui, issu de la clandestinité, n'a cessé depuis la Libération de poursuivre, sur le plan local, le projet d'une culture à laquelle toutes les couches sociales participeraient.
Gabriel Monnet, nommé en 1947 instructeur national d'art dramatique, a animé des stages nationaux à Sarlat (1952 : Jeanne d'Arc de Shaw), à Peyréhorade (1953 : Dom Juan de Molière). En 1954, il dirige le stage national et choisit comme lieu la cour du château d'Annecy, ville où existe depuis de nombreuses années, un foyer de culture populaire qu'il a lui-même contribué à créer. Afin que concourent à son entreprise tous les instruments du spectacle Il réunit à son stage ceux d'art plastique (instructeur : Gilles Duché), d'art musical (instructeur : Raphaël Passaquet) et d'art radiophonique (instructeur : Robert Bathès). Pour la pièce, c'est sur Hamlet que s’est arrêté son choix.
Source : Extraits de « Écrits sur le théâtre » de Michel Vinaver.